BAR-LE-DUC EN MARCHE(S)
Il est possible de rejoindre la ville haute, véritable musée à ciel ouvert, en empruntant “les 80 degrès”. C’est en fait un escalier de 143 marches, que gravit en son temps Fernandel lors du tournage du “Train de 8h47”. En haut, on découvre un ensemble Renaissance classé Sauvegardé depuis 1993. La balade en vaut la peine. Il est vrai qu’il faut du courage pour gravir ces fameuses marches, mais les gratifications sont nombreuses. Vieilles pierres, points de vues à couper le souffle sur toute la ville à chaque tournant , un charme indéniable et un véritable plongeon dans l’histoire.
Mais, selon l’humeur du promeneur, la balade peut aussi se révéler fort désagréable. La beauté du panorama qui s’offre sur la ville est inversement proportionnelle au piteux état du parcours. Le manque d’entretien de nos vénérables escaliers saute aux yeux: bouches d'égout descellées, déjections, plantations peu soignées, talus dégradés, odeurs nauséabondes... A tel point que lorsqu’il nous arrive de croiser quelques touristes égarés sur ces chemins nous avons un peu honte pour notre ville.
Et si l’on pensait un peu aux piétons?
Il ne faudrait pourtant pas grand-chose pour embellir le trajet, un budget bien modeste si l’on compare aux sommes colossales dépensées pour les voitures. Nettoyer les graffitis, les murs, les débarrasser de leur gangue de mousse, sécuriser les marches , ajouter quelques fleurs, et matérialiser le parcours par des couleurs au sol ou sur des panneaux afin que les visiteurs puissent suivre un tracé clair sans trébucher, et s’abandonner sans crainte au plaisir de la découverte. Le Syndicat d’Initiative dispense d’ailleurs un dépliant incluant un circuit pédestre qui passe par les 80 degrés. Il nous paraît important de valoriser ce lien entre ville haute et ville basse pour les piétons barisiens et les touristes . N’est-ce pas à pied, le nez au vent et tous les sens en alerte qu’il faut découvrir une ville -ou tout autre lieu-? D’ailleurs, lors du Festival Renaissances les participants sont invités a déambuler entre le haut et le bas de la ville. Ce sont des pérégrinations sympatiques qui permettent de découvrir des chemins rarement empruntés. Cette voie représente aussi un raccourci efficace pour qui décide de laisser sa voiture au garage afin de se déplacer dans ce secteur. On peut certes être découragé par le nombre de marches, mais rendre le lieu plus attrayant et plus propre convaincrait certainement davantage de piétons et ne manquerait pas d’enchanter ceux qui découvrent notre ville pour la première fois.
Un triste état des lieux:
Pour monter, notre téméraire visiteur a deux options: depuis la Rue de l’Horloge, prendre à droite vers le chemin qui mène sur l’esplanade du musée, ou monter tous les degrés en prenant à gauche, pour arriver au niveau de la Tour de l’Horloge. Nous recommandons de bonnes chaussures de randonnée. Car les pièges sont nombreux. Le périple consiste en effet à se frayer un chemin sur des marches creusées par nos illustres prédecesseurs-là, rien à dire, c’est le côté charme indéniable- parfois jonchées de gravats provenant des murets alentour, rendues glissantes par des dépôts de mousse ou des déjections canines, et sur des paliers pouvant comporter des ornières. Un moment d’inattention, et c’est le plongeon. Non plus dans l’histoire, mais dans la gadoue. Férus de vieilles peirres, prenez garde , car le regard tendu vers les hautes bâtisses, vos pieds risquent de vous faire défaut pour peu qu’ils butent sur un malencontreux éboulis. Les petits chemins en contrebas du musée avaient bien été traités dans le passé, mais ces aménagements sont maintenent vieillissants , mal sécurisés, et mal entretenus. C’est bien dommage. Avant d’y arriver, l’esplanade magnifique qui domine toute la ville n’est pas du tout valorisée. Seule une poubelle trône en avantageuse position sur fond de mur couvert de graffitis. Serait-ce de l’art moderne? Il est vrai que la beauté est dans l’oeil de celui qui regarde! Bon, ça se discute peut-être... Pour ce qui est du parcours de gauche, (Tour de l’Horloge) on y découvre des barrières de protection en contrebas d’un mur qui menace de s’écrouler, ainsi que de nombreux graffitis.Et cela ne date pas d’hier! l’impression générale est que tout ce secteur est très négligé. Pourtant, Il pourrait devenir un fleuron de notre ville. Il invite le promeneur à rompre avec l’agitation pour céder à la lenteur et à l’introspection, vertus qui reviennent à la mode.
Autre lien intéressant à ouvrir entre le haut et le bas, le sentier des fossés, qui partirait du parking des Grangettes et qui déboucherait au niveau des anciennes archives. Cela représenterait aussi un raccourci champêtre et très malin pour les barisiens et les autres.. On nous dit au comité de quartier qu’une première étude a été réalisée. C’est une affaire à suivre, car le projet doit être en cohérence avec l’aménagement futur de l’emplacement des anciennes archives.
Il est vrai que les voies piétonnes intéressent peu. Les bulletins de vote des piétons satisfaits pèsent moins lourd que ceux des automobilistes comblés. Pourtant, les itinéraires piétonniers contribuent grandement à l’attractivité d’une ville moderne, surtout lorsqu’ils sont jalonnés de monuments historiques.